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Présentation de l'éditeur 6 mars 1953, siège de l’Union des compositeurs soviétiques à Moscou : décédé la veille dans l’indifférence générale, quelques minutes avant Joseph Staline, Sergueï Prokofiev est conspué par ses pairs. Traître à la Nation, ennemi du peuple soviétique et serviteur de la musique occidentale : méprisé jusque dans sa tombe, Prokofiev n’est plus, aux yeux du régime, le grand compositeur célébré dans le monde entier qui avait fait sa fierté.Dans ce roman qui pourrait être l’argument d’une symphonie pathétique, Igor, secrétaire personnel du compositeur, nous raconte sa vie. Son enfance choyée et sa passion pour la musique du temps des tsars, ses séjours en Europe autorisés par le nouveau régime, sa rencontre avec Diaghilev puis avec sa première épouse Lina. Les quinze années passées en Amérique et en Europe, malgré ses succès, le laissent désabusé ; taraudé par le conflit entre la musique soviétique supposée ouvriériste et la musique occidentale supposée bourgeoise, déçu par un Occident qui se croit libre mais ne l’est pas autant qu’il le croit, Prokofiev retourne à Moscou en 1936. Et le voici l’objet de la cruauté la plus raffinée de Staline. Gratifié d’un appartement luxueux, il doit composer une Ode à Staline. Epousant une nouvelle femme, il voit Lina envoyée dans un camp de travail forcé. Ces balancements de fortune l’épuisent d’autant plus qu’il doit subir la « campagne de redressement idéologique » de Jdanov. Tout en étant presque le musicien officiel du régime, il est aussi l’un de ceux qui est le plus méticuleusement harcelé. Peut-on dire, avec Igor : « l’artiste n’est jamais libre, il ne le sera jamais » ? L'auteur Né à Neuilly-sur-Seine , le 25/08/1929. Dominique Fernandez est un écrivain, essayiste et italianiste français. D'origine mexicaine, il est fils du diplomate et critique Ramon Fernandez qui, de socialiste, est devenu collaborationniste pendant l'Occupation, participant au Congrès de Weimar en 1941. Élève de École Normale Supérieure, agrégé d'italien en 1955, Dominique Fernandez devient en 1957 professeur à l’Institut français de Naples. Il rejoint ensuite le comité de lecture des éditions Grasset. En 1968, il soutient sa thèse sur "L’Échec" de Pavese, et devient docteur ès lettres. Il est ensuite nommé professeur d’italien à l’Université de Haute Bretagne (Université Rennes 2). Il partage son temps entre son travail d'enseignant, l'écriture de ses livres et la rédaction de ses articles pour la Quinzaine littéraire, L'Express ou le Nouvel Observateur. Il est l’auteur d’une œuvre considérable par sa qualité et sa prolixité (une centaine de livres parus) qui lui a valu notamment le prix Médicis en 1974 pour "Porporino ou les mystères de Naples", le prix Goncourt en 1982 pour "Dans la main de l’Ange", le prix Charles-Oumont de la Fondation de France en 1986 pour "L’Amour", le prix Prince Pierre de Monaco pour l’ensemble de son œuvre en 1986, le prix Méditerranée et le prix Brancati en 1988 pour "Le radeau de la Gorgone", le prix Lambda Literary aux USA en 2003 pour la traduction de "L’amour qui n’ose dire son nom, Art et homosexualité", le prix François Mauriac et le grand prix Jean-Giono en 2009 pour "Ramon". Il est l'inventeur de la "psychobiographie". Grand voyageur, spécialiste de l'art baroque ("La perle et le croissant", 1995) et de la culture italienne, Dominique Fernandez a ramené de ses nombreux voyages en Italie, en Bohême, au Portugal, en Russie, en Syrie, au Brésil ou en Bolivie des récits illustrés par le photographe Ferrante Ferranti, son compagnon durant 15 ans. Il ne fait pas mystère de son homosexualité, révélée au public lors de la parution de "Porporino ou les Mystères de Naples", en 1975. Il a été cependant marié de 1961 à 1971 à Diane de Margerie avec qui il a eu un fils et une fille. |
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| Les avis: Brigitte Ce n'est pas une biographie fonctionnelle malgré ce qu'on aurait pu penser. Comment rester libre quand l'art en soi est soit un luxe soit un outil de propagande? A Paris, hypocrisie sociale; charge féroce contre le snobisme culturel occidental et éloge d'un pays où l'idéologie gangrène tout mais où la musique est populaire. Rentré en Russie après l'exil au moment où le régime de Staline se durcit. Il ne s'agit pas d'opposition entre deux régimes mais d'oscillations d'un homme sincère fidèle à une vision exigente de l'art, voulant réconcilier les masses avec la musique contemporaine. - C'est beaucoup la Russie, la violence de son histoire, lettre d'amour à la culture russe. - Il décrit les oeuvres, les fait entendre. Son défi: créer une musique plus simple sans qu'elle perde en qualité Il sera renié par l'occident pour sa soumission à Staline et renié par le régime soviétique comme traître à la patrie. Jean La narration par un secrétaire (imaginaire) de la vie tourmentée de Prokofiev. Désabusé par le monde occidental, mercantile et snob, Prokofiev va se jeter dans la gueule du loup en retournant en URSS et y trouver la contrainte. Intéressant. |